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des dènè peaux-de-lièvre

seux, sans doute. Leur pays est si éloigné qu’ils hésitent. Que pouvez-vous craindre ?

Dans la forêt, L’alρa-natsandé avait rencontré son véritable mari et lui avait donné ce signal :

— Tu battras du briquet, mais tu cacheras l’étincelle.

Pendant la nuit donc elle entendit que l’on battait du briquet en dehors de la tente sans qu’elle pût voir d’étincelle[1]. Puis, tout à coup, elle entendit glousser une gélinotte. Aussitôt L’atρa-natsandé sachant que son mari l’attendait dehors, frappa de sa hache son ravisseur et le tua.

Le mari raillait en dehors de la tente en entendant ces coups de hache :

— Ah ! ah ! je suppose que mon ennemi se fait caresser par sa maîtresse. Elle l’agace sans doute, disait-il en riant.

Aussitôt lui et les jeunes gens de sa suite se jetèrent sur les habitants du village endormi ; ils les massacrèrent tous ; il reprit sa femme, L’atρa-natsandé, et non seulement elle, mais encore la femme du ravisseur, qu’il garda désormais pour

  1. Les Peaux-de-Lièvres connaissaient l’usage du briquet depuis fort longtemps. Ils se servaient à cet effet d’un silex et d’un morceau de pyrite ou sulfure de fer, minéral qui abonde dans leur pays.