— Corbeau, tu es un voleur, lui dit-on ; car nous nous apercevons que nous n’avons plus de provisions.
Or, le corbeau s’était construit une maison dans une île isolée, où il avait amassé une quantité prodigieuse de viande de castor, qu’il avait découpée et boucanée. Une vieille femme, nommée la Chouette, qui en avait fait la découverte en allant visiter journellement ses lacets à lièvres, conduisait la troupe d’hommes. Elle entra même seule chez le corbeau, en s’écriant :
— Eh bien ! avez-vous de la viande cuite ?
— Non, elle n’est pas encore cuite, avait répondu le corbeau.
La Chouette, mécontente, invectiva le corbeau. Ils se contredirent, et le corbeau, comprenant enfin qu’il y avait quelque complot ourdi contre lui, et qu’il était trahi, se sauva à tire d’ailes en croassant.
La Chouette tendit des lacets dans le grand parc où le corbeau gardait tous les animaux, et elle y prit quantité de rennes.
Les cris du corbeau attirèrent la foule des chasseurs, qui trouvèrent chez le voleur une grande abondance de graisse et de viande. La bande joyeuse s’empara de la maison et s’y installa.
Mais : « Chut ! chut ! Doucement ! doucement !