Page:Petitot - Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest, 1886.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
légendes et traditions

Le jeune homme ne put seulement venir à bout de la traîner, même à l’aide d’une corde, et il n’en mangea qu’un petit morceau.

Enna-Guhini lui dit alors :

Ya-na-kfwi-odinza (celui qui use le firmament de son occiput) est fâché contre moi. Il a conjuré ma perte.

Il plaça l’homme dans le fourreau de son couteau de silex qu’il portait suspendu au cou, et partit avec lui. Cet homme (Dènè) devint son ami, son compagnon et son conseiller. Il dormait sur l’oreiller du bon géant.

— Or sus, mon petit-fils, lui dit encore celui-ci, si Ya-na-kfwi-odinza me tue, les nuées seront teintes de mon sang ; elles en seront rougies, probablement.

Il alla tendre un hameçon pour prendre du poisson, et d’une dent de castor géant, il fit une hache. Puis, il s’en alla à la rencontre de son ennemi, le mauvais géant ; car Enna-Guhini et Ya-na-kfwi-odinza se détestaient cordialement.

— Je m’en vais examiner les pistes, dit le premier au jeune homme ; pour toi, fais le tour du lac et examine le terrain. Si tu entendais le bruit Pa ! pa ! pa ! pa ! ce serait un indice de son approche.

Ce disant, il lui donna sa hache faite d’une dent de castor gigantesque.