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des dindjié ou loucheux

Alors l’oiseau blanc ramena le vieillard au large. De nouveau, il le fit plonger avec lui, et de nouveau le ramena à la surface.

— Eh bien ! maintenant la terre paraît très bien. La vois-tu ? dit le plongeon.

— Pas encore très bien, répondit l’aveugle ; cependant, je l’aperçois un peu.

De nouveau, le plongeon blanc entra sous l’eau avec l’aveugle, et fit si bien que le vieillard aveugle redevint un jeune garçon (Tchia), jouissant d’une vue parfaite.

Mais le vieillard, redevenu jeune, fort et bien voyant, dissimula et continua à contrefaire l’aveugle. Il alla retrouver sa femme en suivant ses traces ; il se dirigea vers l’échafaud sur lequel elle avait déposé la viande de l’orignal qu’il avait tué ; puis, parfaitement édifié sur la fausseté et l’égoïsme de cette mégère, il continua à dissimuler.

Marchant donc comme un aveugle et tendant sa gibecière à sa femme, il lui demanda l’aumône d’un morceau de viande fraîche.

— Il n’y a point de viande à la maison, telle fut la dure réponse.

Son mari demanda alors à boire :

— Va me chercher de l’eau, dit-il à son fils ; j’ai grand’soif.

Sa femme lui répondit :