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légendes et traditions

On le plaça dans son traîneau de parchemin, et ses deux fils le hissèrent au sommet d’une montagne au pied de laquelle on se battait en foule. Il y avait en ce lieu un grand tumulte et une grande cohue. L’ennemi y était venu en grand nombre, et il avait le dessus sur les Dindjié,

À la vue de cette multitude, les compatriotes de Bouse lui dirent :

— Toi seul, parle, prononce, Etsiégé, et nous jugerons de ce qu’il adviendra par là-bas.

Alors il leur répondit :

— Replacez-moi dans mon traîneau.

On l’y replaça :

— Maintenant, précipitez-moi sur l’ennemi du haut en bas de la montagne.

Ses deux fils poussèrent le traîneau sur la pente du précipice et l’y laissèrent rouler. Alors, tout à coup parmi ces Esquimaux[1], on entendit comme le bruit du tonnerre. C’était le traîneau de Bouse qui produisait ce bruit en roulant sur les pentes de la montagne. Il en sortait des éclairs de foudre et un bruit égal à celui de cent tonnerres. À ce bruit, les ennemis aux casques

  1. Esquimaux, Anakρen ou Stercoraires. Les Dindjié appliquent généralement cette épithète odieuse à leurs ennemis de l’Ouest.