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légendes et traditions

vagues, semblables à des sapins par leur élévation, qui s’amoncellent. L’eau enfle et monte toujours, s’élevant de chaque côté comme des rochers remparts.

— Prenez terre, vite, prenez terre ! cria Bouse à ses frères.

Ceux-ci se hâtèrent de débarquer. Alors lui, seul au bord de l’eau, promena son aviron sur la terre et l’en balaya. Au même instant l’étai qui soutient l’univers tomba, le disque terrestre s’enfonça, l’eau montant inonda et recouvrit la terre, et tout le reste des Zhœnan fut englouti dans la mer. Il n’en échappa pas un seul.

— Venez, accourez par ici, mes frères ! s’écrie encore Etsiégé.

— Oui, oui ! répondent-ils.

Ils le suivirent tous, et lui leur fit traverser la mer à pieds secs. Ils parvinrent tous sains et saufs sur l’autre rive.

Le soir venu. Bouse dit à ses frères :

— Notre pays est encore bien éloigné ; mais tranquillisez-vous, je vais le faire se rapprocher.

Ce disant, il prit un faon de renne d’un an, il le tua, lui arracha le nerf de la jambe, en disant à ses frères :

— Vous ne mangerez pas ceci.

Par cette magie du nerf arraché, la terre de ses ancêtres se rapprocha d’eux. Quand la nuit arriva,