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rendre celle-là inutile aux Impériaux. Luxembourg nous mettoit tout le pays de Trèves dans notre dépendance ; et une place appelée le Mont-Royal, que nous faisions sur la Moselle, nous en rendoit entièrement les maîtres. Par là l’électeur de Trèves, celui de Mayence et le Palatin étoient entièrement sous notre couleuvrine, et les ennemis du Roi ne pouvoient pas aisément se faire un passage par ces endroits-là. L’électorat de Cologne étoit donc le seul dont nous ne fussions pas les maîtres. Nous l’avions été par la liaison que M. l’électeur de Cologne[1] avoit toujours eue avec le Roi ; mais on le voyoit dépérir, et il ne pouvoit vivre encore long-temps. Comme les chanoines de cette église sont tous allemands, et qu’il en faut nécessairement élever un à la dignité d’électeur, le Roi n’en trouvoit aucun dans ses intérêts que le prince Guillaume de Furstemberg[2], qui y avoit toujours été, à qui il avoit donné l’évêché de Strasbourg après la mort de son frère, qu’il avoit fait cardinal, et à qui il avoit donné quantité de bénéfices en France. Il avoit été de tout temps attaché au Roi, et c’étoit son frère et lui qui avoient ménagé tous les commencemens de la guerre de Hollande. Le Roi jugea donc qu’il lui étoit nécessaire de l’élever à cette dignité ; et l’on crut que l’on y réussiroit plus aisément en le faisant du vivant de M. l’électeur, qu’en attendant après sa mort. On fit donc consentir l’élec-

  1. De Cologne : Maximilien-Henri, archevêque de Cologne et de Liége, évêque d’Hildesheim et de Munster. Il avoit donné asyle à Mazarin en 1651.
  2. De Furstemberg : Guillaume Egon, prince de Furstemberg. Il s’attacha à la France, fut évêque de Strasbourg en 1681, et cardinal en 1686. Le Roi lui donna l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris, où il mourut en 1704, à l’âge de soixante-quinze ans.