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MÉMOIRES

avoir Sa Majesté, qui, de son côté, avoit offert à l’Empereur de faire passer des troupes en Allemagne pour le secourir, et qui en avoit été refusé désobligeaminent.

Cependant le grand visir tout-à-coup se porta sur Vienne, et obligea M. de Lorraine de jeter habilement son infanterie dans l’île de Schultz. L’Empereur fut obligé de sortir avec précipitation de Vienne ; et certainement la dignité de l’Empereur et de l’Empire cédèrent à la frayeur qui obligea ce prince d’abandonner sa capitale, d’une manière qui ressembla fort à une fuite honteuse. Ce fut alors que l’ambassadeur de l’Empereur auprès de Sa Majesté Polonaise, et le nonce Palavicini, firent d’instantes prières au roi Jean de sauver l’Empire et la chrétienté. Le roi de Pologne ne leur donna que de foibles espérances. Le siége de Vienne étoit formé et pressé, sans aucune apparence de secours.

Un jour que le roi de Pologne alloit à la messe, le nonce du Pape et l’ambassadeur de l’Empereur se jetèrent à ses pieds, criant à haute voix : « Au nom de Dieu, sire, sauvez la chrétienté et l’Empire ! » À la voix de ces deux ministres se joignirent celles de leur suite et du peuple. Le roi Jean répondit : « Allons à la messe prier Dieu, et nous verrons ce que l’on pourra faire. » Il attendoit le retour du courrier qu’il avoit dépêché en France, dont il eut pour toute réponse des remercîmens de ses offres, et une négative de la grâce qu’il avoit demandée pour le père de la Reine. Ce refus le piqua au point que, sans balancer, ce prince envoya dire à l’ambassadeur de l’Empereur qu’il secourroit Vienne, et que pour