Le marquis de Béthune[1] avoit tous les talens d’un courtisan aimable : il étoit vif, éloquent, laborieux ; il écrivoit avec une facilité merveilleuse ; il étoit bien fait ; il avoit du courage et de l’ambition ; il étoit capable des vues les plus élevées ; et, par le mariage qu’il avoit fait, avec mademoiselle d’Arquien, il se trouvoit beau-frère de Jean Sobieski, devenu roi de Pologne.
Ce Jean Sobieski avoit été envoyé jeune pour faire ses exercices en France ; et, dans les différens degrés par lesquels il s’éleva à la dignité de grand maréchal de Pologne, il conserva une inclination et un attachement pour la France que le Roi entretenoit par quelques bienfaits : de sorte qu’en Pologne il étoit regardé comme à la tête de la faction française que le Roi étoit bien aise de maintenir dans ce royaume. La Reine sa femme[2], qu’il aimoit, l’entretenoit dans le goût naturel d’avoir plus de penchant pour la cour de sa nation que pour les autres cours d’Allemagne, avec lesquelles ce prince auroit pu