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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

de Notre-Dame pour lui faire dépit, parce que son père lui venoit de confier que le Roi les avoit refusées à M. de Turenne, le cardinal lui dit : « Je n’étois pas si abattu que vous le croyiez le Roi m’avoit accordé sa nomination au cardinalat. Nous nous moquions alors l’un de l’autre, et nous avions tous deux raison. »

Il est bon de remarquer ici que Madame (c’étoit alors la princesse d’Angleterre), à la première nouvelle de la coadjutorerie de Reims, dit au Roi qu’un coup de cette importance marquoit assez que ses ministres le gouvernoient. Ce discours, qu’elle fit au Roi avant que M. de Turenne lui parlât de la coadjutorerie de Paris, disposa peut-être l’esprit du Roi, qui vit bien que Madame avoit raison, à faire quelque chose en faveur du duc d’Albret, et à lui accorder au moins la nomination au cardinalat, puisque la politique lui défendoit absolument de consentir qu’un homme si jeune, et de sa naissance, fût coadjuteur de Paris. Les Tellier crurent que M. de Turenne, pour se faciliter la coadjutorerie de Paris, avoit poussé Madame, qui étoit fort son amie, à tenir ce discours au Roi mais cela n’étoit pas vrai. M. de Turenne alloit rondement, et son mérite lui faisoit croire qu’il n’a voit pas besoin d’autre sollicitation. On a su que c’étoit le marquis de Bellefond qui avoit prié Madame de parler ainsi, afin que le Roi lui fît des grâces sans consulter ses ministres, qu’il affectoit de mépriser, pour faire croire au Roi qu’il ne s’attachoit qu’à sa personne. En effet, peu après le Roi le fit maréchal de France avec Créqui et Humières, pour montrer au public que les ministres ne le gouvernoient pas. Ils