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MÉMOIRES

« Gascogne, » Miossens ne fut point ébranlé, et mena ses prisonniers à Vincennes.

Dès que les princes eurent été arrêtés, le duc de Bouillon et M. de Turenne se déclarèrent hautement pour leur liberté. Le duc s’en alla Montrond prendre madame la princesse, et là conduisit à Bordeaux, avec trois ou quatre mille hommes de la vicomte de Turenne ; M. de Turenne, de son côté, s’en alla à Stenay. La Reine mère envoya aussitôt le sieur de Carnavalet, lieutenant des gardes du corps, arrêter la duchesse de Bouillon, qui logeoit dans la vieille rue du Temple, et qui étoit prête d’accoucher. Dès que ses suisses virent venir les gardes du corps, ils fermèrent la porte, et la vinrent avertir. Elle n’eut que le temps de dire à un valet de chambre de faire sauver ses enfans. Elle avoit alors quatre garçons ; le petit chevalier de Bouillon, dont j’écris la vie, étoit le troisième. Ce valet fit mettre promptement les chevaux au carrosse pendant qu’on ouvroit les portes aux gardes du corps, qui se postèrent sur l’escalier ; mais il passa hardiment au milieu d’eux avec les quatre enfans, en leur disant : « Allez-vous-en, messieurs ; nos petits princes ont bien d’autres choses à faire qu’à jouer, les voilà prisonniers ; » faisant accroire aux gardes que c’étaient des enfans du quartier qui étoient venus pour jouer avec eux. Les gardes les laissèrent passer : il monta en carrosse avec eux, et les mena chez la maréchale de Guébriant, amie de la maison. Le marquis Du Bec, son frère, étoit le meilleur ami de M. de Bouillon. Ils n’y demeurèrent que quelques jours ; et la maréchale, pour les mieux cacher, les fit habiller tous quatre en filles, et les mena