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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

en Limosin, il prendroit le temps de se rendre secrètement à Paris. Cette permission d’aller en Limosin fut accordée ; et M. de Valence se préparoit sourdement à ce voyage, quand la reine d’Angleterre, mère de Madame, qui s’étoit retirée depuis long-temps à Colombe, mourut.

L’on ne peut pas assez dire la répugnance que M. de Valence avoit pour ce voyage, ni combien il représentoit à Madame et à madame de Saint-Chaumont, par ses lettres, le risque infini qu’il couroit en allant a Paris. Il reculoit tant qu’il pouvoit de partir, quand un courrier de la part de Madame lui apporta une lettre que j’ai vue, qui commençoit par ces mots : Vous ne m’aimez donc plus, mon pauvre évêque, puisque vous me refusez une consolation dont je ne puis me passer ? Et dans le reste de cette lettre Madame lui mandoit que l’on feroit à Saint-Denis le trentain de la Reine sa mère, c’est-à-dire un service solennel, à un tel jour qu’elle lui marquoit ; que cette cérémonie, à laquelle elle assisteroit, seroit très-longue ; que pendant le service elle feindroit de se trouver mal à l’église ; qu’elle ordonneroit qu’on la portât chez un officier de sa bouche, lequel avoit une maison à Saint-Denis, dans laquelle, de concert avec cet officier, M. de Valence seroit caché dès le jour d’auparavant. Cette princesse finissoit sa lettre par les termes du monde les plus pressans pour obliger M. de Valence à ne la pas refuser, et ajouta que c’étoit pour prendre ses conseils, et les suivre dans la plus grande et la plus importante affaire de sa vie. Quel moyen y avoit-il de ne pas vouloir ce que la plus gracieuse et la plus respectable princesse du