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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

qui fit le miracle ordinaire, et le guérit parfaitement.

Les soins de l’État et ceux de sa santé ne l’empêchoient pas de se faire rapporter dans son conseil d’en haut les affaires des particuliers, quand elles étoient importantes. Le procès du marquis d’Ambres contre mademoiselle d’Arpajon fut fort discuté : M. de Châteauneuf, rapporteur, conclut pour le marquis ; Monsieur fut du même avis, ainsi que messieurs de Beauvilliers, de Croissy, et l’abbé Pelletier ; M. le chancelier, le contrôleur général, messieurs de Louvois, de Ribaire, Benard de Rezé, Bignon et Villacerf[1] furent pour la demoiselle, qui gagna son procès, le Roi s’étant joint au plus grand nombre.

Il commença en ce temps-là à aller fort souvent à Marly : il nommoit ceux qui devoient le suivre, et Bontemps les logeoit deux à deux dans chaque pavillon. On y trouvoit tout ce qui étoit nécessaire à la toilette des femmes, et même des hommes ; et quand les femmes étoient nommées, les maris y alloient sans demander. Madame de Maintenon y faisoit grande figure : le Roi passoit toutes les soirées chez elle. Madame de Montespan se rongeoit les doigts, et ne pouvoit se résoudre à quitter la partie elle lâchoit de temps en temps au Roi quelque mot piquant, et lui dit un jour qu’elle avoit une grâce à lui demander, qui étoit de lui laisser le soin d’entretenir les gens du second carrosse, et de divertir l’antichambre. Ces manières désagréables auroient pu la faire songer à la retraite ; mais son heure n’étoit pas encore venue, et la Providence, pour la punir du passé, lui devoit faire avaler encore bien des couleuvres. La princesse

  1. Et Villacerf : On lit Villayer au manuscrit.