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MÉMOIRES

Je crois qu’il est assez a propos de remarquer ici que dans le conseil les ministres ont toujours été assis en présence du Roi, et même dans le conseil des finances, parce qu’il faut être à son aise pour écrire, compter et calculer. Il n’y a que le conseil des dépêches où tout le monde étoit debout, jusqu’à ce que le chancelier Le Tellier ayant demandé au Roi un petit placet à cause d’un mal de jambe, Sa Majesté lui permit de s’asseoir, et accorda la même grâce au maréchal de Villeroy, chef du conseil des finances : tout le reste, ministres et secrétaires d’État, demeure debout. Depuis ce temps-là, le chancelier et le chef du conseil royal y sont assis. Je ne parle point de Monsieur, qui l’est aussi, et qui par parenthèse n’entre que dans le seul conseil des dépêches, le Roi, malgré l’amitié qu’il a pour son frère, s’étant fait une loi de conserver un secret inviolable dans les affaires de l’État. Monseigneur, depuis quelques années, entre dans tous les conseils ; il a été éprouvé plusieurs fois, et reconnu fort secret.

Lorsque le Roi prit de nouveaux ministres après la mort de M. de Louvois, il leur dit qu’il n’y auroit point de rang entre eux : et s’étant mis au bout d’une table longue, il fit mettre Monseigneur à sa gauche, M. de Croissy à sa droite, parce qu’il a toujours des lettres à lire comme secrétaire d’État des étrangers. M. de Beauvilliers prit sa place au-dessous de M. de Croissy, et ensuite M. Le Pelletier. M. de Pomponne se mit au-dessous de Monseigneur, et au-dessous de lui M. de Pontchartrain.

Mais revenons en 1661. Le Roi, après avoir tenu ses conseils à la vue du public, en tenoit un secret