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entièrement, lorsque le maréchal de Gramont et M. de Lyonne lui offrirent de consigner vingt mille écus entre les mains de tel marchand de Francfort qu’il voudroit choisir, pourvu que de sa part il en consignât autant, et qu’U gagneroit les vingt mille écus si avant six semaines ils ne rapportoient pas en face du cojlége électoral l’original du traité en question, signé desdits ambassadeurs de la part du roi d’Espagne leur maître ; que faute par eux de le faire, il auroit deux plaisirs l’un, de leur faire perdre les

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vingt mille écus et de les gagner (ce qui certainement ne nuiroit pas à ses affaires) ; et l’autre, de les faire passer pour des faussaires en présence de la plus noble et de. la plus respectable assemblée de l’univers et qu’its ne le tenoient pas si indulgent, qu’il ne voulût bien qu’ils fissent la pénitence du mensonge qu’ils auroient inventé.

Cet argument parut si fort, que Peneranda avec tout son bel esprit n’y put trouver de réplique ; et les électeurs connurent par des faits convaincans que le roi d’Espagne et les Espagnols, si scrupuleux et si zélés sur ce qui regarde la religion catholique, ne s’embarrassoient pas plus que de raison de se liguer avec des protestans lorsqu’ils y trouvoient leur intérêt et qu’ils ôtoient en même temps au Roi une place de l’importance de Calais, qui étoit une. des principales clefs de son royaume.

Le nonce du Pape qui étoit à Francfort, nommé San-Felice, pouvoit bien quitter cette qualité de nonce pour prendre celle de troisième ambassadeur d’Espagne car il étoil tellement partial pour les moindres intérêts du roi Catholique, qu’il ne le cédoit à