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[1652] MÉMOIRES

« Monseigneur, point de Mazarin ! — Eh bien ! repartit M. le prince, n’est-ce pas à quoi on travaille ? pourquoi faire tant de bruit ? » Il y avoit force gens armés de pistolets et de baïonnettes, et plusieurs conseillers furent menacés, poussés et maltraités, entre autres Vassan. On crut que cela s’étoit fait exprès pour les intimider, afin que le lendemain ils prissent quelque résolution. On parla aussi de la subvention des pauvres de la campagne, qu’on disoit monter à quatre-vingt-quatre mille : il s’étoit fait des assemblées de police de tous les corps pour proposer les moyens d’y pourvoir ; mais rien n’y ayant pu être résolu, le parlement jugea que le plus prompt secours qu’on pouvoit leur donner étoit de faire un fonds pour les assister. Pour cet effet, chaque conseiller se taxa à cent livres, et chaque président à deux cents livres. On parla aussi de trouver le fonds des cinquante mille écus ordonnés pour récompense à celui qui apporteroit la tête du cardinal.

Le président de Thoré, de la troisième (chambre) des enquêtes, fils du feu surintendant d’Emery, ayant été aperçu comme il sortoit du Palais et qu’il parloit à Serrant, fils de Bautru, fut poursuivi par quelques-uns de cette populace, et pressé de si près qu’il fut contraint de se sauver dans la maison d’un orfèvre, sur le quai qui regarde celui des Augustins[1] ; et si les voisins n’eussent pris les armes, la maison eût été forcée, et le président mis en pièces par ces séditieux.

Le duc de Beaufort, qui avoit été à l’armée des

  1. Qui regarde celui des Augustins : Le quai des Orfèvres, dans la Cité.