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DE CONRART. [1652]

raine au poignet, le chirurgien qui le traita lui dit qu’il lui falloit couper le bras : à quoi l’officier s’étant résolu, au lieu de le lui couper au-dessous du coude, comme il eût suffi, il le coupa jusques à l’épaule, afin d’avoir plus de viande à mettre dans son pot, comme il fit de ce bras dès qu’il fut coupé. Il disoit tout cela sérieusement, comme si c’eût été autant de vérités infaillibles, et sans rire de façon quelconque. Madame Pilon, qui étoit présente, me l’a conté.

Le 12 juin, M. d’Orléans, M. le prince, les ducs de Beaufort, de Rohan et de La Rochefoucauld, le prince de Tarente, le maréchal d’Étampes et plusieurs autres personnes de qualité allèrent au camp du duc de Lorraine, qui leur donna à manger et les enivra. M. d’Orléans, M. le prince et lui conférèrent long-temps seuls sur les affaires présentes : et comme ils savoient qu’il avoit fait un traité avec la cour (ce que lui-même ne leur nioit pas), ils se défioient fort de lui, et craignoient qu’il ne l’exécutât avant que les troupes qu’ils attendoient de Flandre ne fussent arrivées ; de sorte qu’ils le pressoient de ne faire au moins de quinze jours aucun nouveau traité avec la cour : ce qu’il leur promit. Après qu’ils furent convenus de toutes les conditions de part et d’autre, le duc de Lorraine dit à M. d’Orléans et à M. le prince : « Messieurs, vous savez bien que nous autres princes nous sommes tous fourbes ; c’est pourquoi il ne seroit pas mal à propos d’écrire et de signer ce que nous venons de résoudre, afin que personne ne s’en puisse dédire. » À quoi M. d’Orléans et M. le prince répondirent qu’ils n’estimoient pas qu’il fût nécessaire de rien écrire ; qu’ils se fioient bien à ses pa-