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[1652] MÉMOIRES

Lorsqu’on descendit la châsse de sainte Geneviève, où tout le monde couroit en foule, il dit qu’il étoit venu pour faire la paix générale ; que puisque les Parisiens avoient mieux aimé s’adresser à sainte Geneviève qu’à lui, il falloit les laisser faire. Il dit à M. le prince que les jours précédens il avoit vu quantité de personnes avec lesquelles il n’étoit point propre ; force dames galantes et raffinées, qui ne s’accommodoient pas d’un soldat lourdaud et malpropre comme lui ; des blondins poudrés et parfumés, qui lui faisoient honte par leurs beaux habits et leurs galanteries ; des ministres d’État si fins et si subtils, qu’il n’étoit pas capable d’entendre leur politique : mais qu’aujourd’hui il croyoit trouver au lieu où il venoit toutes sortes de sujets d’admiration, un grand héros, un conquérant, un homme consommé pour les conseils et pour les affaires.

Châteauneuf eut charge de la cour de traiter avec le duc de Lorraine ; il se trouva au palais d’Orléans, où il fut long-temps enfermé avec M. et madame d’Orléans et ce duc. Il leur fit voir que l’intérêt de Son Altesse Royale étoit de s’accommoder ; ce que le duc de Lorraine confirma aussi. « Car, dit-il, quand vous m’avez fait venir, vous m’avez mandé que vous aviez dix mille hommes, et de l’argent pour les entretenir ; et cependant vous êtes sans argent, et n’avez que quatre mille hommes. D’ailleurs vous vous êtes lié à M. le prince, qui traite sans vous avec la cour, et qui est tout près de s’accommoder, pourvu qu’il y trouve son compte pour lui et pour ses amis, sans se soucier de vous. Pour moi, je ne suis pas venu servir M. le prince, qui me retient mon bien