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DE CONRART. [1652]

la députation, disoit hier que son père avoit mandé qu’il apporteroit de bonnes nouvelles, et qu’il tenoit la paix comme faite.

Il y a eu un combat fort sanglant proche de Libourne entre un parti que commandoit Folleville pour le Roi, et un autre commandé par M. le comte de Maure pour les princes : ce dernier y est demeuré prisonnier, légèrement blessé au bras et à la tête. Il croyoit trouver l’autre dans ses retranchemens et le surprendre ; mais l’ayant rencontré à cheval à la campagne il ne voulut pas se retirer, et il y perdit beaucoup de gens et la liberté.

Le duc de Lorraine se va souvent promener au Cours avec Mademoiselle (de Montpensier) ou mademoiselle de Chevreuse[1], devant lesquelles il dit des ordures qui les rendirent honteuses le plus souvent, et dont la comtesse de Fiesque, madame de Pisieux[2] et autres dames semblables se sont fort scandalisées.

On dit que quand le cardinal de Retz l’alla visiter, il ne lui parla que des intrigues de la cour et des desseins de faire la guerre ; et que comme le duc vit cela, il tira son chapelet de sa poche, et commença à dire ses patenôtres, disant que puisque les prêtres faisoient son métier, il falloit qu’il fît le leur[3].

  1. ’Mademoiselle de Chevreuse : Charlotte-Marie de Lorraine, demoiselle de Chevreuse, morte sans alliance le 7 novembre 1652.
  2. Madame de Pisieux : Charlotte d’Étampes-Valençai, marquise de Puisieux, morte à l’âge de quatre-vingts ans en 1677. On prononcoit habituellement Pisieux.
  3. Il falloit qu’il fît le leur : Le cardinal de Retz dit qu’il ne vit pas le duc de Lorraine chez lui, mais chez Madame, et dans la galerie de Monsieur. Il ajoute : « Cette conférence ne se passa qu’en civilités et qu’en railleries, dans lesquelles il étoit inépuisable. » (Mémoires, tome 46, page 112, de cette série.)