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[1652] MÉMOIRES

l’appeloit mazarin, et ainsi qu’il ne pouvoit jamais rien faire à leur gré ; qu’il penseroit désormais à ses affaires, sans en rendre compte à de petits coquins à qui il apprendroit bien à vivre, et à lui porter le respect qui lui étoit dû, etc.

Le lundi 27, le parlement voyant qu’on avoit encore retardé le départ des députés, ordonna qu’ils partiroient le vendredi dernier mai, soit qu’il y en eût ordre de la cour ou non ; et qu’ils presseroient la réponse du Roi autant qu’il leur seroit possible.

Le mardi 28, à trois heures du matin, le Roi partit, avec le cardinal, de Corbeil, où la Reine et Monsieur demeurèrent. L’armée des princes, qui s’étoit retranchée devant Étampes, fit une sortie sur celle du Roi, qui s’étoit approchée de ses retranchemens, et repoussa les attaques jusques au gros de l’armée. Le combat fut rude : du côté du Roi il y eut plusieurs personnes de qualité qui furent blessées, entre autres le comte de Grandpré, le marquis de Vardes, qui eut le poignet cassé ; et le jeune Genlis eut un bras emporté d’un coup de canon.

Le cardinal mena le Roi dans son camp, et manda à ceux de la ville le quartier où étoit Sa Majesté, afin qu’ils n’y tirassent pas. Néanmoins un mortier ne laissa pas de porter à quelques pas du Roi : ce qui irrita extrêmement tous les soldats de son armée, qui appeloient ravaillacs ceux des princes, et leur disoient mille autres injures. On blâma fort les assiégés d’avoir fait tirer, après avoir été avertis que le Roi y étoit. Ils s’en défendoient par diverses raisons assez foibles, et disoient que c’étoit une supercherie du cardinal, qui sous ce prétexte avoit voulu gagner une éminence