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DE CONRART. [1652]

se retirèrent. La relation de tout ceci, avec la harangue de Peny, ont été imprimées.

Il y eut des corps de garde posés en divers quartiers et des chaînes tendues, pour empêcher le pillage que ces assemblées tumultueuses faisoient craindre. Quantité d’artisans en étoient choqués, et crioient de leur côté qu’ils aimeroient mieux que le Roi revînt avec le Mazarin, que de ne rien gagner pour nourrir leurs familles durant tous ces désordres, qui sont d’autant plus fâcheux qu’on n’y voit point d’issue.

Ce matin, le parlement étant assemblé, et le Palais gardé par les bourgeois en armes, la canaille fit grand effort pour entrer, et il y eut même quelques voisins séditieux qui jetèrent des pavés par les fenêtres ; mais quelques coups de mousquet et de pistolet ayant été tirés en l’air, ils furent contraints de se retirer. M. le prince s’y trouva, qui leur dit que M. de Turenne s’étant saisi du bourg de Saint-Cloud, il étoit résolu d’y aller pour l’en chasser. Grand nombre d’artisans l’ayant su, coururent avec leurs armes hors de la ville, et demandèrent qu’on les menât en cette expédition. Quelques-uns ayant été s’offrir pour cet effet au duc de Beaufort, il leur dit en sortant de chez lui : « Qui m’aime me suive ; je m’en vais les dénicher. » Tous ces artisans étant dans la plaine qui est entre Chaillot et le bois de Boulogne, M. le prince leur dit que ceux qui voudroient s’en retourner le pouvoient faire, et que ceux qui voudroient le suivre pouvoient demeurer ; mais qu’il eût été bien aise qu’il ne fût demeuré que des garçons, parce que les femmes de ceux qui étoient mariés feroient un trop grand bruit, si quelques uns d’eux y demeuroient. La plupart demeu-