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DE CONRART. [1652]

étoient remplies de mutins qui crioient la même chose, et qu’on les menât à Saint-Germain pour aller querir le Roi. Les échevins ayant été mandés pour quelque affaire, y vinrent avec des archers de la ville, qui furent désarmés et maltraités par les mutins, dont l’insolence et le grand nombre fit résoudre les marchands, depuis la porte de Paris jusqu’à la rue de la Harpe, à tenir leurs boutiques fermées, comme elles le furent tout le jour et les jours suivans, au moins dans le Palais. Le parlement donna arrêt portant que les gens du Roi iroient dès le jour même à Saint-Germain pour supplier très-humblement le Roi de faire réponse aux remontrances, et de faire éloigner les troupes, qui font de grands ravages jusqu’aux portes de la ville ; et que lundi on se rassemblera pour entendre la relation des députés et des gens du Roi. Pendant l’assemblée des chambres, la plupart des prisonniers de la Conciergerie en enfoncèrent les portes, et se sont sauvés sans qu’on les en ait empêchés.

L’après-dînée, la cour du palais d’Orléans fut remplie d’une infinité de séditieux, comme elle l’est tous les jours. Une troupe de plusieurs bourgeois de toutes conditions (et différente des autres, qui n’avoient que des manteaux gris fort méchans, ou même qui n’en avoient point du tout) demanda audience à M. d’Orléans. Un trésorier de France à Limoges, homme ardent et grand parleur, nommé Peny, porta la parole, et lui dit qu’il venoit supplier Son Altesse Royale de vouloir faire cesser ces désordres, chasser le Mazarin, et ramener le Roi dans Paris ; et qu’il lui offroit de la part de tous les bourgeois hommes et ar-