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ces séditieux, comme il s’en retournoit par la rue de l’hôtel de Condé, fut attaqué si vivement, qu’il fut contraint de sortir du carrosse avec un échevin qui l’accompagnoit. On jeta une grosse pierre au prévôt des marchands, qui fit tomber son chapeau et sa calotte. En descendant de carrosse, il mit un pan de son long manteau entre lui et les mutins qui le serroient de plus près, et se jeta dans une petite porte d’une maison qui par bonheur avoit une issue dans une autre, et celle-ci tenoit au cabaret du Riche Laboureur, qui perce sur le fossé qui va de la porte Saint-Germain à la porte Saint-Michel ; et de là il se sauva comme il put.

Pour l’échevin, il reçut un grand coup de levier sur un bras, dont il fut fort blessé ; mais il ne laissa pas de se sauver dans la première porte qu’il trouva ouverte, et fut si heureux que la maison où il entra perçoit dans un tripot, par où il s’échappa aussi. Le carrosse du prévôt des marchands fut mis en pièces par un fort petit nombre de ces mutins, tous les autres les regardant faire, aussi bien que les bourgeois, qui ne s’en remuèrent point. Les chevaux furent dételés par les gens du marquis Du Vigean, qui y étoient accourus, et qui, criant plus haut que les autres Point de Mazarin ! coupèrent les traits, et les menèrent dans les écuries de l’hôtel de Condé : ce qui les sauva. Il demeura là beaucoup de canailles qui vouloient faire effort pour entrer dans les maisons où ces deux messieurs étoient entrés : ce qui obligea quelques-uns des voisins d’aller en donner avis au palais d’Orléans, d’où il vint des gardes qui firent retirer cette populace.