Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/432

Cette page a été validée par deux contributeurs.
430
[1652] MÉMOIRES

Ces conseillers de la petite Fronde se voyant maltraités par l’Ormée, soulèvent le quartier du Chapeau-Rouge : ils s’arment les uns contre les autres. Mais le prince de Conti, madame la princesse, madame de Longueville et le duc d’Enghien s’étant promenés par les rues, calmèrent cette populace, et rappelèrent des conseillers de la petite Fronde.

Quelque temps après l’Ormée s’assemble, se saisit de l’hôtel-de-ville, en tire du canon, et marche au Chapeau-Rouge. Les bourgeois de ce quartier-là se barricadent et se défendent ; on se bat tout le long du jour ; l’Ormée pousse ceux du Chapeau-Rouge, brûle leurs maisons, et demeure victorieuse. Le prince de Conti l’établit plus fortement, s’en déclare chef, chasse ceux qui lui étoient suspects, et fait changer d’état et de forme à la ville.

L’Ormée se voyant appuyée d’un chef de telle importance, établit une chambre de justice, qui étoit composée de bourreliers, corroyeurs, pâtissiers, cordonniers, menuisiers, gentilshommes, apothicaires, violons et notaires, procureurs, et de toutes sortes de gens qui présidoient chacun à leur jour, et donnoient des arrêts qui étoient exécutés souverainement. Aussi fut-ce ces beaux juges qui condamnèrent le père Ithier, qui décrétèrent contre le père Berthod, qui donnèrent la question au bonhomme Ithier, âgé de soixante-dix ans, et au sieur de Boucaut de Bordeaux ; qui chassèrent la mère Angélique et le sieur de Boucaut de la ville, qui pendirent le pauvre Chevalier, qui firent une infinité de cruautés, de violences et d’extorsions qu’on ne peut mettre dans cette relation. Enfin, comme cette Ormée s’étoit formée par des assemblées