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DE CONRART. [1652]

aux commandemens de Leurs Majestés, et seconderoit toujours de tout son pouvoir leurs bonnes intentions, pour donner la paix non seulement à la France, mais aussi à toute l’Europe ; et à messieurs les princes toute la satisfaction qu’ils peuvent désirer.

Le lundi, ayant pris congé de Leurs Majestés, ils revinrent ici, où il courut divers bruits du succès de leur voyage, les uns disant que la paix étoit bien avancée, les autres qu’elle étoit fort éloignée, et d’autres qu’elle étoit conclue sous main il y avoit long-temps ; mais que tout ce qui se faisoit n’étoit que pour la forme. Les plus éclairés crurent que M. le prince étoit demeuré d’accord de toutes choses avec la cour, et qu’il consentoit que le cardinal Mazarin demeurât dans le ministère, pour empêcher le cardinal de Retz d’y entrer ; mais que l’entremise de la reine d’Angleterre, et la conférence des députés avec le Mazarin, n’étoit que pour amener M. le duc d’Orléans au point d’abandonner le cardinal de Retz : ce qu’on tenoit pour indubitable. Et de fait ce cardinal ayant rencontré l’abbé A…[1] son ami, qui me l’a dit lui-même le samedi 27 avril, il fit arrêter son carrosse, et lui dit à l’oreille : « Nous sommes f… : l’accommodement est fait, et sans nous ; car ni madame de Chevreuse, ni M. de Châteauneuf, ni moi, n’y avons eu aucune part. » La duchesse de Chevreuse ayant demandé

  1. L’abbé A… : On ne lit que celle initiale sur le manuscrit de Conrart. Cette lettre pourroit bien indiquer le nom de l’abbé d’Aubigny, de la maison de Stuart, chanoine de l’église de Paris, qui étoit l’ami du cardinal de Retz. (Voyez les Mémoires de ce dernier, tome 46, page 382, de cette série, où, par une erreur typographique, il est appelé d’Abingny.)