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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

trée à quelques ormistes, et même à Duretête[1], qui en étoit un des principaux chefs. Cela causa grande rumeur, et donna lieu à Duretête et à Villars d’en faire leurs plaintes au prince de Conti, qui, pour les satisfaire, fit faire commandement à Raymond de sortir de la ville ; mais comme on l’embarquoit pour passer la rivière, des jeunes gens se déclarèrent pour le Roi, montèrent sur des bateaux, enlevèrent Raymond des mains de l’exempt qui le conduisoit, et le ramenèrent en sa maison. De là, cette jeunesse en grand nombre fut demander sa liberté à M. le prince de Conti, et le prier de commander à Villars de ne marcher plus dans les rues avec des gardes, comme il avoit accoutumé ; autrement qu’on feroit main-basse sur lui et sur ses gens. Ce qui leur fut accordé ; et depuis ce jour-là Villars ne parut plus guère dans les rues, parce qu’il y marchoit seul.

Dans toutes les rencontres cette jeunesse battoit les ormistes, chassoit les garnisons qu’on avoit mises dans les maisons particulières, maltraitoit les soldats payés par M. le prince ; et dans toutes ces actions les sieurs de La Crompe, Roberel, Rodorel, Grenier, Ferrand, Rolland et plusieurs autres, firent des merveilles.

Après cela ils convoquent une grande assemblée dans l’hôtel de la Bourse, où il fut résolu qu’on députeroit des bourgeois de chaque corps à M. le prince de Conti, pour lui demander qu’on changeât les capitaines de la ville, qu’on fît sortir tous les gens de guerre, qu’il fût défendu à l’Ormée de s’assembler,

  1. Duretête : L’un des chefs des ormistes. Il fut excepté avec cinq autres de l’amnistie royale. (Voyez Mémoires de Montglat, tome 50, page 410, de cette série.) Duretête fut roué vif en 1654 (Voyez les mêmes Mémoires, Ibid., page 455.)