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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

ce que l’affaire du père Berthod avoit failli, l’oblige d’aller trouver la Reine et M. le cardinal pour rendre compte de tout ce qui s’étoit passé. Le père se rendit auprès de Sa Majesté, de Son Éminence et de M. Servien, où il demeura depuis le mois d’avril jusqu’à la Saint-Jean. Il leur fait connoître qu’il n’y avoit rien de désespéré pour Bordeaux ; que les bien intentionnés étoient plus chauds que jamais pour le service du Roi. En effet ils l’étoient tellement, que depuis la persécution des deux pères on commença de parler hautement contre la tyrannie de l’Ormée et le conseil des princes ; et on doit donner la gloire à madame de Boucaut, des Récollets, de dire qu’elle a pendant trois mois agi avec autant de générosité et de vigueur pour le bien de l’État, que personne du monde sauroit faire.

Quoique son mari eût été trahi et chassé de la ville, elle ne laissa pas d’échauffer les partis, qui s’étoient refroidis par la perfidie de Villars ; et en moins de six semaines elle mit les choses en disposition d’anéantir l’Ormée et de chasser la faction des princes. Elle écrivoit tous les ordinaires les progrès qu’elle faisoit à M. d’Amiens et au père Berthod. Ces lettres étoient communiquées à la Reine, à M. le cardinal et à M. Servien ; et tous crurent l’affaire de Bordeaux faisable dans peu de temps.

D’autre côté le sieur Filhot pousse son dessein ; il noue sa partie avec le sieur de Marin, lieutenant général de l’armée du Roi sous M. de Candale. Il met de la partie le sieur Théobon ; mais par une autre trahison il fut découvert et mis prisonnier dans l’hôtel-de-ville, où il souffrit la question ordinaire et extraor-