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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

comme il étoit travesti parmi la cavalerie des princes : ce qu’il fit ; et il demeura six ou sept heures à se chercher avec les autres.

Durant cette perquisition inutile pour les princes et pour l’Ormée, les sieurs d’Affis, président, Bordes, conseiller du parlement, Ithier, bourgeois, parent du père Ithier, furent faits prisonniers ; le curé de Saint-Pierre, que l’Ormée poursuivoit pour l’assommer, eut une jambe et un bras rompus ; celui de Saint-Remi, maltraité et conduit dans une tour : enfin c’étoit une rage inconcevable contre les pauvres serviteurs du Roi. La maison du sieur Le Roux fut pillée jusqu’aux serrures et aux verroux des portes ; on n’entendoit parler que de roues et de gibets, de gênes et de tortures : et ce n’étoit pas sans raison ; car le parent du père Ithier, qui étoit un bonhomme, âgé de plus de soixante ans, souffrit la question ordinaire et extraordinaire à tant de reprises, qu’il fut laissé pour mort, étendu sur le chevalet ; et il en est demeuré perclus pour le reste de sa vie.

Le jour même que le père Ithier fut pris et qu’il fut interrogé, on le conduisit dans la prison de l’hôtel-de-ville et dans le conseil de l’Ormée. Celui qui étoit le procureur général, et qui étoit un apothicaire, conclut à couper ce père en quatre quartiers, et ses membres mis sur les portes de la ville. Un des anciens conseillers, qui étoit un pâtissier, conclut à ce qu’il fût roué tout vif, et ses cendres jetées au vent. Le curé de Saint-Project s’alla offrir, sans qu’on pensât à lui, de le dégrader, si cette assemblée de coquins le vouloit faire mourir. Plusieurs artisans, conseillers de cette inique assemblée, donnèrent leurs