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[1652] MÉMOIRES

trouva fort alarmé, parce qu’il voyoit la ville en armes pour le prendre, et les portes fermées afin d’empêcher qu’il ne sortît. Le prince de Conti, qui étoit assuré par la déposition du père Ithier qu’il devoit être encore dans la ville, le vouloit avoir à quelque prix que ce fût. Madame de Longueville et Lenet en vouloient plus à lui qu’au père Ithier ; l’Ormée crioit tout haut qu’il le falloit déchirer en pièces : enfin c’étoit une huée horrible dans la ville contre ce pauvre père, qui n’avoit que deux seules personnes auxquelles il se pût fier. Se voyant en cette peine, il envoie ces deux personnes, l’une aux Capucins, l’autre aux religieux de Saint-Benoît, avec lesquels il avoit eu quelque correspondance. Il donne charge à ces deux confidens de demander chacun un père de ces couvens, et de leur dire le danger où il se trouvoit ; qu’il étoit travesti, et qu’il envoyoit savoir d’eux s’il pouvoit avoir retraite assurée deux ou trois jours dans leur couvent. Par bonne fortune pour le père Berthod, les pères qu’il demandoit ne s’y trouvèrent pas ; ils avoient été chassés de la ville par les ormistes et par la faction des princes. Certainement c’étoit une bien bonne fortune ; car deux heures après que le père eut envoyé aux Bénédictins et aux Capucins, deux compagnies de l’Ormée allèrent fouiller partout, jusque dedans les coffres de leur sacristie, pour le trouver, ainsi que le sieur Le Roux, qui avoit fui de sa maison dès qu’il eut appris la prise du père Ithier.

Le père Berthod se voyant presque hors d’espoir de salut, parce qu’on visitoit toutes les maisons, et qu’on étoit à trois rues proche de celle où il étoit, se résolut d’aller monter à cheval, et de s’aller jeter