Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.
405
DU PÈRE BERTHOD. [1652]

la Merci, on n’avoit point de commerce avec eux pour ce sujet. Que le père Berthod avoit été à Blaye en vertu d’un passe-port de Son Altesse, sous un nom supposé, quérir l’amnistie pour la publier au Palais et dans les rues ; qu’il étoit revenu en habit séculier il y avoit cinq ou six heures, mais qu’il ne savoit où il étoit ; que ce père écrivoit toute l’intrigue à la Reine, à M. le cardinal, à messieurs Servien, d’Amiens et de La Vrillière, et qu’il en recevoit des lettres, et que messieurs Servien et d’Amiens étoient les principaux directeurs de cette affaire du côté de la cour ; que l’armée navale se devoit avancer le 21 jusqu’à Lormont ; que le régiment de Montausier se devoit tenir prêt pour secourir le parti du Roi en cas de besoin. Enfin il dit tout le secret de l’affaire, parce que Villars le savoit aussi bien que lui, puisqu’ils avoient concerté ensemble avec le sieur de Boucaut[1].

Pendant cet interrogatoire le père Berthod, qui avoit été averti de la détention du père Ithier, se

  1. On lit le recît de cet événement dans une gazette manuscrite, article Bordeaux, à la date du 27 mars 1653 : « Les fidelles subjects du Roy avoient ici ménagé une entreprise de remettre la ville en l’obéissance de Sa Majesté ; mais lorsqu’on estoit sur le point de l’exécuter, ayant été découverte par un des ormistes qui avoit promis d’y seconder les bien intentionnés, le père Ithier, gardien du couvent des cordeliers de cette ville, a esté arresté par l’ordre du prince de Conty, qui l’avoit envoyé quérir : en laquelle disgrâce il tesmoigna autant de fermeté d’esprit qu’il avoit monstré de zèle pour son roy et d’amour pour la liberté de sa patrie en la conduite de cette entreprise, dont le mauvais succès, bien loing de diminuer le courage des bons serviteurs du Roy, les irrite davantage à combattre, et à résister à toutes les puissances qui se veulent establir au préjudice de celle que le Ciel a ordonnée à leur gouvernement. » (Collection de Mazarinades, bibliothèque de l’Arsenal, tome 166, pièce 57.)