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[1652] MÉMOIRES

dans une heure ou deux. Et lors le père Berthod donna au père qui l’accompagnoit le paquet qu’il avoit cacheté, lui faisant croire que c’étoit un mémoire des choses dont il devoit traiter avec celui qu’il alloit quérir ; et qu’il le prioit, dès le même moment qu’il seroit de retour, de le lui rendre, afin de faciliter leur conférence. Le compagnon, qui crut bonnement ce que le père Berthod lui disoit, se résolut d’attendre dans le cabaret une heure ou deux ; mais il y demeura jusques à la nuit, pendant que le père Berthod gagnoit Blaye avec son batelier, et qui, afin de n’être pas arrêté par l’armée navale des Bordelais, au travers de laquelle il falloit passer, s’étoit travesti en matelot, et rama dans la chaloupe avec celui qui la conduisoit, jusques à ce qu’il fût hors de danger d’être pris des ennemis.

Pendant que le père Berthod arrive à Blaye, qu’il y est caressé du duc de Saint-Simon et du sieur de Bourgon, il se fait grande rumeur à Bordeaux sur la fuite de ce père. Son compagnon étant de retour au couvent, le père Ithier en colère lui demande où étoit celui qu’il avoit accompagné. Le compagnon, qui croyoit que le père Ithier étoit d’intelligence avec le père Berthod, lui répondit en riant qu’il se moquoit, et qu’il le savoit mieux que lui. Le père Ithier, qui se fâchoit tout de bon, maltraitoit le pauvre compagnon de paroles, et le menaçoit de le faire fouetter. Le compagnon qui railloit, plus le père Ithier se fachoit, lui jette le paquet qu’il avoit, lui disant : « Le père Berthod s’en est allé, il m’a donné cela ; voyez ce que c’est. »

Le père Ithier ayant ouvert le paquet, y trouve la