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viande ; et quoiqu’il n’y eût pas de mal de le faire, puisque ce n’étoit pas un carême d’obligation, qu’il y avoit toujours de la mauvaise édification, puisqu’on ne raangeoit point de viande dans le couvent. Le père Ithier, persuadé de cette raison, trouve moyen de s’excuser envers M. le prince de Conti, et prie Son Altesse de mettre la partie à une autre fois.

Cependant le père Berthod, qui avoit découvert le dessein pour lequel il étoit venu à Bordeaux au père Galtery, et qui s’étoit engagé de servir le Roi dans l’occasion présente, lui dit qu’il s’en vouloit aller dès qu’il en trouveroit l’occasion ; qu’il ne pouvoit plus retarder son départ sans gâter les affaires du Roi : mais il ne lui dit pas que le batelier étoit tout prêt ; il le pria seulement de n’en rien dire au père Ithier, et qu’il le rendît capable[1] de son évasion lorsqu’il en auroit appris la nouvelle.

Le jour des Rois étant arrivé, le père Berthod se fait inviter à dîner pour le lendemain par une personne de la ville, avec le père Ithier et le père Galtery, afin que si M. le prince de Conti venoit pour dîner il ne trouvât ni les uns ni les autres, et qu’ainsi il n’engageât point le père Ithier à des choses qu’il ne vouloit pas faire, ou à s’exposer à sa colère ou à la fureur des ormistes.

Ce jour-là même, le sieur de Chambret, qui savoit que le père Berthod étoit à Bordeaux, et ce qu’il y étoit venu faire, y arrive. Dès le même moment il alla

  1. On lit capable dans notre manuscrit, ainsi que dans celui de Conrart (tome 12, page 538.) Le sens est obscur ; il indique qu’il y a eu une légère altération de faite par les anciens copistes. Il semble qu’il faudroit lire responsable.