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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

pour en prendre de ceux de Bordeaux, afin d’être plus conforme à eux, et qu’on prit moins garde à lui lorsqu’il étoit dans les rues. Il donna donc ses habits au batelier, avec ordre d’aller mettre sa chaloupe au fond des Chartreux, et de le venir voir tous les matins pour savoir ce qu’il auroit à faire.

Pendant quatre ou cinq jours que le batelier demeura à bord, le sieur Lenet alla trouver deux ou trois fois le père Berthod, auquel il demanda s’il étoit résolu de servir M. le prince. Le père lui répondit qu’oui ; mais qu’il vouloit faire ses conditions. Lenet alla porter cette nouvelle au prince de Conti et à madame de Longueville ; et Lenet étant revenu le lendemain trouver le père, lui dit que M. le prince de Conti viendroit le lendemain des Rois diner au couvent, et qu’alors ils feroient leur traité en la manière que le père voudroit. Le père Berthod répondit que ce dîner ne dépendoit pas de lui, que c’étoit une affaire du père Ithier ; à quoi Lenet répondit qu’ils en étoient d’accord ensemble.

Le père Berthod se voyant sur le point d’être perdu, parce qu’il ne vouloit point s’engager avec le prince de Conti, mit toutes les dispositions à sa fuite et afin de la faciliter davantage, il persuade au père Ithier de remettre ce diner à une autre fois il lui représente qu’il ne prenoit garde que la ville en seroit scandalisée, parce que ce lendemain des Rois étoit le commencement d’un carême volontaire que les religieux de saint François font en leurs maisons ; que M. le prince de Conti venant dîner au couvent, et lui père Ithier, aussi bien que lui père Berthod, étant à sa table, seroient obligés de manger de la