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[1652] MÉMOIRES

Le lendemain, Lenet revint trouver le père ; et lui ayant demandé s’il avoit songé à la proposition qu’il lui avoit faite le jour précèdent, il lui répondit que oui, qu’il avoit trouvé quelque lumière pour servir en cela le Roi et le parti de M. le prince, et ne perdre point son honneur ; mais qu’il lui falloit du temps pour bien prendre ses mesures, et qu’il lui demandoit huit jours pour lui donner sa dernière parole. Lenet s’en retourne fort joyeux dire à M. le prince de Conti et à madame de Longueville le progrès qu’il croyoit avoir fait sur l’esprit du père Berthod ; ils l’écrivirent à la cour comme une chose qu’ils croyoient être très-avantageuse pour le bien de leur affaire ; et parce que les lettres étoient interceptées et portées à la Reine, Sa Majesté commençoit de douter de la fermeté du père Berthod, jusques à ce qu’elle vit de ses lettres entre les mains de M. l’évêque de Glandèves, qui assuroient la Reine que ce qu’il en faisoit n’étoit que pour mieux jouer son personnage, et qu’il n’avoit pas trouvé de meilleur expédient, pour ne pas perdre les affaires du Roi, que de donner quelque espérance à Lenet de se ranger du parti des princes.

Peu de temps après que Lenet eut quitté le père, un des principaux de l’Ormée le vint trouver, et lui dit : « Mon père, je vous viens avertir, comme votre ami ancien, que M. le prince de Conti vous donnera un passe-port, si vous vous roidissez à ne vous pas mettre de la faction, afin qu’on voie qu’il tient les paroles qu’il a données ; mais aussi je vous assure que dans le moment que vous serez prêt à vous embarquer, vous serez saisi par une vingtaine