Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/380

Cette page a été validée par deux contributeurs.
378
[1652] MÉMOIRES

de la Reine ; s’il n’avoit pas eu conférence avec Sa Majesté plus de demi-heure ; s’il n’avoit pas vu M. Servien, M. Le Tellier, M. l’archevêque de Bordeaux et M. l’évêque de Glandèves, auparavant nommé le père Faure. Le père Berthod voyant qu’il ne pouvoit nier toutes ces choses, lui confessa qu’il étoit vrai qu’il avoit vu toutes ces personnes-là ; qu’il y alloit de sa satisfaction de prendre congé d’eux ; que puisqu’ils lui faisoient l’honneur d’avoir eu quelques bontés pour lui, il y alloit de son devoir de leur avoir dit adieu, sortant de Paris pour n’y plus retourner, et qu’il s’en venoit dans la province de Guienne pour n’en plus sortir.

M. le prince de Conti voyant qu’il ne pouvoit rien tirer du père Berthod, lui fit voir deux lettres fort longues, qui lui disoient tout ce que ce père pouvoit avoir fait avant de partir de Paris ; de quelle façon il étoit vêtu lorsqu’il monta à cheval avec le sieur de Bourgon, duquel on ne disoit pas le nom ; mais on disoit le poil des chevaux sur lesquels ils étoient montés, et une marque que le sieur de Bourgon avoit à l’œil. À l’interligne d’une de ces lettres il y avoit : « Je vous enverrai par le premier ordinaire la copie du chiffre du père Berthod, parce qu’on n’a pas le loisir de le transcrire pour vous le donner par celui-ci. »

Parmi toutes ces choses vraies, il y en avoit quantité de fausses ; et cela servit beaucoup au père Berthod, qui vit qu’en déniant les choses fausses qu’on écrivoit dans ces lettres, il en pouvoit dénier beaucoup de vraies. Comme il se vit trahi du côté de la cour, il se résolut de dire ce qu’il ne pouvoit cacher. Il dit donc à M. le prince de Conti que ce qu’il avoit