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[1652] MÉMOIRES

M. le prince de Condé et contre lui, et pour y faire ce qu’il avoit fait à Paris dans la négociation du retour du Roi ; qu’il étoit pleinement informé comme il avoit agi ; qu’on lui écrivoit de se saisir de sa personne, parce qu’il étoit très-dangereux et très-nuisible à leur parti ; qu’ainsi il prioit le père Ithier de lui donner avis lorsqu’il seroit arrivé ; qu’il étoit parti de Paris travesti par ordre de la Reine ; et il lui marqua la manière dont il étoit vêtu. Le père Ithier répondit à M. de Conti que Son Altesse étoit sans doute mal informée ; que le père Berthod étoit arrivé il y avoit quatre jours ; qu’il étoit venu en habit de religieux ; qu’il étoit tous les jours au chœur, et qu’il voyoit publiquement ses anciennes connoissances dans la ville ; que ce père n’étoit venu à Bordeaux à autre dessein que d’y procurer son rétablissement dans la province d’Aquitaine, de laquelle il avoit été dix ou douze ans ; et qu’il ne lui avoit point paru qu’il fût venu pour autre sujet que pour celui-là.

M. le prince de Conti se contenta de ce que le père Ithier lui dit, et lui ordonna de faire observer le père Berthod jusques après l’arrivée du premier courrier, qui lui donneroit de plus amples nouvelles.

Le père Ithier, qui dit au père Berthod ce qui s’étoit passé entre le prince de Conti et lui, le surprit extrêmement, et il jugea que quelques-uns d’auprès de la Reine ou de messieurs les ministres trahissoient les affaires du Roi, et par là rendoient tous les desseins pour Bordeaux inutiles. Aussi le père Berthod, depuis ce temps-là, n’osa plus voir ses amis bien intentionnés qu’en cachette, de peur de les rendre suspects et de leur ôter le moyen de servir le Roi.