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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

le père Ithier[1], gardien des cordeliers, avoit de grandes attaches à M. le prince de Conti, à madame de Longueville et au sieur Lenet[2], qui étoit l’intendant de M. le prince de Condé dans Bordeaux, et qui gouvernoit tout dans la ville. Mais le père Berthod assura ces deux messieurs de la fidélité du père Ithier pour le service du Roi, et qu’il n’avoit pas marchandé de quitter les intérêts de M. de Conti et de madame de Longueville, lorsqu’il lui avoit rendu une lettre de la Reine, qui lui ordonnoit de travailler conjointement avec le père Berthod pour faire revenir Bordeaux à l’obéissance de Sa Majesté ; que leur intelligence étoit cachée, et que tous les religieux de la communauté n’avoient d’autre pensée du père Berthod que celle de croire qu’il étoit venu en Guienne pour se rétablir dans cette province-là, dont il avoit autrefois été ; aussi leur avoit-il ainsi fait croire.

Pendant les fêtes il vit ses amis dans la ville, officia publiquement le jour de Saint-Étienne à la grand’messe et à vêpres, afin qu’on ne fût point surpris lorsqu’on le verroit dans les rues ; et il disoit à tous ceux de sa connoissance qui le venoient voir, qu’il se venoit rétablir dans Bordeaux. Le jour des Innocens, M. le prince de Conti envoya quérir le père Ithier pour lui dire qu’il venoit de recevoir des lettres de la cour qui lui marquoient que le père Berthod devoit venir à Bordeaux pour y travailler contre

  1. Le père Ithier : Jean-Dominique Ithier, franciscain, de l’ordre des Frères mineurs, dits cordeliers.
  2. Au sieur Lenet : Pierre Lenet, ancien procureur général au parlement de Dijon, avoit suivi le parti du prince de Condé. On a de lui des Mémoires, qui feront partie de cette série.