longueurs, néanmoins, malgré toutes choses, il falloit que dans peu de jours les princes, sortissent de Paris, et que le Roi en fût le maître.
Sur ce que les négociateurs avoient écrit à la cour qu’on envoyât des lettres du Roi les plus obligeantes qu’il se pourroit aux colonels, elles arrivèrent à Paris le 12 d’octobre, et furent en même temps portées à leur adresse par M. Le Prévôt et par M. de Bourgon. Ces lettres donnèrent sujet aux colonels de s’assembler à l’hôtel-de-ville, avec résolution d’en fermer les portes, et de n’y point laisser entrer M. de Beaufort : ce qu’ils firent, quelque instance et quelque prière qu’il leur en fît.
Cependant le sieur Du Fay, qui avoit gagné beaucoup de gens dans divers faubourgs, faisoit des progrès admirables ; il avoit des hommes détachés aux portes pour y faire insulte aux gens des princes et à ceux du duc de Lorraine ; et dans ce temps-là les trois cents hommes que les négociateurs demandoient tous les jours à la cour eussent été bien utiles, car le onzième, le duc de Lorraine et son train fut arrêté à la porte Saint-Martin, parce qu’il vouloit aller à son armée et sortir sans passe-port de la ville ; et ce duc se voyant pressé par le peuple, que les négociateurs avoient gagné, qui lui disoit des injures, eut recours au saint-sacrement qu’un prêtre de Saint-Nicolas portoit à un gagne-denier qui étoit malade : il monta jusqu’au grenier, touchant toujours le surplis du prêtre, redescendit le chapeau à la main avec lui, et ne l’abandonna point jusqu’à ce qu’il eût remis le saint-sacrement dans l’église. Ainsi, dans ce rencontre, cet acte de dévotion forcé servit au duc de Lorraine