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[1652] MÉMOIRES

longueurs, néanmoins, malgré toutes choses, il falloit que dans peu de jours les princes, sortissent de Paris, et que le Roi en fût le maître.

Sur ce que les négociateurs avoient écrit à la cour qu’on envoyât des lettres du Roi les plus obligeantes qu’il se pourroit aux colonels, elles arrivèrent à Paris le 12 d’octobre, et furent en même temps portées à leur adresse par M. Le Prévôt et par M. de Bourgon. Ces lettres donnèrent sujet aux colonels de s’assembler à l’hôtel-de-ville, avec résolution d’en fermer les portes, et de n’y point laisser entrer M. de Beaufort : ce qu’ils firent, quelque instance et quelque prière qu’il leur en fît.

Cependant le sieur Du Fay, qui avoit gagné beaucoup de gens dans divers faubourgs, faisoit des progrès admirables ; il avoit des hommes détachés aux portes pour y faire insulte aux gens des princes et à ceux du duc de Lorraine ; et dans ce temps-là les trois cents hommes que les négociateurs demandoient tous les jours à la cour eussent été bien utiles, car le onzième, le duc de Lorraine et son train fut arrêté à la porte Saint-Martin, parce qu’il vouloit aller à son armée et sortir sans passe-port de la ville ; et ce duc se voyant pressé par le peuple, que les négociateurs avoient gagné, qui lui disoit des injures, eut recours au saint-sacrement qu’un prêtre de Saint-Nicolas portoit à un gagne-denier qui étoit malade : il monta jusqu’au grenier, touchant toujours le surplis du prêtre, redescendit le chapeau à la main avec lui, et ne l’abandonna point jusqu’à ce qu’il eût remis le saint-sacrement dans l’église. Ainsi, dans ce rencontre, cet acte de dévotion forcé servit au duc de Lorraine