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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

voudroit, et feroient main-basse sur tous ceux qui s’y opposeroient.

Le parlement fit grand bruit de ces assemblées ; mais quelques-uns des colonels et des capitaines répondirent qu’ils ne reconnoissoient point le parlement en ce rencontre ; qu’ils avoient bien fait ce qu’ils avoient fait, et qu’ils l’exécuteroient.

Le parlement envoya un de ses huissiers au sieur Michel, chez lequel la colonelle de M. Tubeuf s’étoit assemblée, pour lui dire qu’il vînt le lendemain au parlement, et qu’il apportât l’original du procès-verbal de ce qui s’étoit passé au Palais-Royal. Le sieur Michel se moqua de l’huissier, dit qu’il n’avoit point ce procès-verbal, quoiqu’il fût entre ses mains ; et qu’il en allât chercher la copie à l’hôtel-de-ville s’il en avoit affaire. Le parlement, indigné de cette réponse, et d’autres presque semblables que plusieurs leur avoient faites, résolut de décréter contre M. Le Prévôt de Saint-Germain. Cela fut cause que, pour se précautionner, les négociateurs jugèrent à propos de s’aller loger dans le Palais-Royal et dans le Louvre lorsqu’il seroit nécessaire.

M. de Beaufort, qui avoit su la résolution que les colonels avoient prise de députer vers le Roi, alla trouver M. de Sève-Chastignonville, qui étoit lors l’un des plus affectionnés au service du Roi et des mieux revenus de la Fronde, auquel il demanda s’il ne prenoit point de passe-port. M. de Sève-Chastignonville lui répondit qu’il n’en avoit point besoin. À quoi M. de Beaufort repartit qu’il le croyoit bien, puisque les colonels étoient les maîtres des portes ; mais que la campagne n’étoit pas sûre pour eux. M. de