Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.
354
[1652] MÉMOIRES

les maisons, qu’absolument le Roi ne vouloit point revenir que la cour se moquoit des députations qu’on lui faisoit, et qu’elle ne donnoit aux députes que des réponses ambiguës sur le sujet de ce retour ; que de tous ceux qui étoient dans le conseil, il n’y avoit que le maréchal de Villeroy qui demeuroit d’accord de ce retour ; que M. Servien s’y opposoit fortement, que M. Le Tellier ne s’en soucioit pas, que le prince Thomas et les autres n’y avoient nulle inclination ; en un mot, que personne ne vouloit revenir. Néanmoins c’étoit une chose très-fausse ; car M. Servien pressoit continuellement pour ce retour. M. Le Tellier et les autres du conseil s’en impatientoient, et écrivoient tous les jours à Paris aux négociateurs d’avancer l’affaire le plus qu’ils pourroient. Et si les frondeurs eussent pu, ils se fussent bien gardés de parler du maréchal de Villeroy ; mais ils ne pouvoient s’en empêcher, parce qu’il écrivoit avec tant d’instance à ses amis pour le retour du Roi et pour le rétablissement de son autorité dans Paris, que ces correspondans avoient si hautement éclaté pour le service du Roi, que tout le monde le savoit.

D’autre côté, les frondeurs faisoient dire sous main que s’ils étoient assurés que la cour ne les voulût point pousser à bout, il seroit aisé de les faire revenir dans le service du Roi. Un président au mortier, en ce temps-là, voulut abandonner M. le prince, ou en faire la mine ; car dans une assemblée du parlement où l’avocat général Talon, les conseillers Clin et quelques autres ayant fait l’ouverture de décréter contre le sieur de Bourgon, il s’y opposa, et alla lui-même chez lui lui en donner avis dès