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[1652] MÉMOIRES

Elle le chargea donc d’un paquet ; mais comme elle n’en avoit point donné avis à messieurs Le Prévôt et de Bournonville, cet envoyé le rendit à celui qui l’envoyoit, qui l’ouvrit en présence de quatre hommes de médiocre condition, et qui n’avoient nulle part au secret de la négociation. Dans ce paquet il se trouva une amnistie pour tous les bourgeois et habitans de Paris, et une lettre pour les colonels. Au même temps l’un de ces quatre en alla avertir M. le prince. Cependant ce zélé fit imprimer l’amnistie sans en parler à personne, et en donna quantité de copies à un homme pour les afficher par les carrefours ; mais cet homme fut pris par un conseiller que M. le prince avoit mis au guet, et mené prisonnier dans la Conciergerie avec tous ses imprimés. Mais tout cela ne servit de rien ; car les serviteurs du Roi, qui commençoient de lever le masque, en firent imprimer d’autres, qui furent publiées et affichées par la ville.

Cette amnistie porta grande joie dans le cœur des bourgeois qui se sentoient coupables ; mais elle mit le dépit dans l’esprit de M. le prince, lequel, quoique malade, jura hautement que par la mort, puisque M. d’Orléans ne vouloit pas se remuer plus qu’il faisoit, dans peu de jours il seroit tout espagnol ou tout mazarin.

Cependant tout le monde s’attendoit de voir grande rumeur le samedi 28, et que les gens des princes prendroient les armes pour aller garder le Palais-Royal, la Bastille et l’Arsenal, comme M. d’Orléans l’avoit proposé : mais tout demeura calme, personne ne bougea, et ceux qui avoient fait plus les mauvais se contentèrent de faire du bruit chez eux, n’osant pas en