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[1652] MÉMOIRES

publiques et des cris de vive le Roi ! qui furent ouïs de tous les environs du Palais-Royal[1].

Quelques-uns commencèrent de parler suivant le discours qu’avoit fait M. Le Prévôt, qui ne tendoit qu’à la paix, et à demander avec instance et soumission au Roi son retour, à éloigner les troupes espagnoles de Paris, et empêcher la faction des séditieux qui fomentoient la révolte, et maintenoient le petit peuple et les foibles esprits dans la désobéissance et dans la rébellion. Quelques-uns proposèrent d’aller sur l’heure au palais d’Orléans demander à Son Altesse Royale toutes les choses dont on venoit de parler ; mais la pluralité de ceux qui opinoient fut d’attendre après l’assemblée qui se tiendroit au même lieu, à pareille heure, le lendemain.

Avant que de sortir de l’assemblée, le manifeste des bons serviteurs du Roi y fut lu, et chacun prit à son chapeau du ruban blanc ou du papier, pour se faire distinguer d’avec ceux du parti des princes, qui portoient de la paille ; et ils sortirent ainsi du Palais-Royal.

À vingt pas de là, le petit peuple bien intentionné, qui suivoit le bourgeois, rencontra une charrette des troupes du duc de Lorraine chargée de vin, qu’on menoit au camp des princes ; elle fut pillée au même temps, et les chevaux emmenés par ceux qui les avoient détachés.

Sur le midi, le maréchal d’Etampes arriva au Pa-

  1. Le cardinal de Retz dit que les véritables serviteurs du Roi furent hués comme on hue les masques. (Voyez ses Mémoires, tome 46, page 184, de cette série.) On a suffisamment prémuni les lecteurs contre la prévention de cet écrivain dans la Notice sur le père Berthod.