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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

traint de faire voir à quelques particuliers, assurément la négociation s’alloit échouer.

La cour écrivit sur cela aux négociateurs de lui envoyer quelque personne de condition, afin d’en délibérer avec lui[1]. Le président de Bercy fut choisi pour cela ; la cour en demeura d’accord, et lui donna rendez-vous pour l’aller prendre avec escorte à Belleville-sur-Sablon. Le président de Bercy s’y rendit par deux fois, deux jours consécutifs, avec grand risque de sa personne ; car il fut poursuivi par un parti des princes presque jusqu’aux portes de Paris ; et n’y ayant point trouvé l’escorte, il ne put passer pour aller à Pontoise.

La cour donc, sans attendre le président de Bercy, prit résolution d’envoyer des hommes de commandement, et nomma messieurs le duc de Bournonville, Lambert, de Refuge et de Courcelles pour être les chefs des entreprises et des coups hardis qu’il faudroit faire dans Paris, en cas que M. le prince et ceux de son parti voulussent faire des violences. Ces hommes de commandement furent bien nommés ; mais aucun d’eux ne parut à Paris de quelques jours après, parce que de tous ceux-là il n’y eut que le duc de Bournonville qui osât se hasarder dans un temps et dans une conjoncture si dangereuse.

En attendant quelqu’un de ces commandans, les négociateurs travailloient toujours fortement pour

  1. Avec lui : Locution alors en usage, ainsi qu’on le voit dans les Observations de Vaugelas et du père Bouhours sur la langue française. Il étoit si bizarre de considérer un substantif comme tout à la fois masculin et féminin dans la même phrase, que cette manière de parler est aujourd’hui rejetté universellement.