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[1652] MÉMOIRES

Cependant M. Le Prévôt et le père Berthod pressoient M. de Glandèves par leurs lettres d’envoyer les ordres du Roi pour exécuter l’affaire de la Bastille, parce qu’alors (qui étoit au commencement de septembre), avec les trois cents hommes qu’ils demandoient de la cour, ils se rendoient maîtres de l’Arsenal, prenoient toute l’artillerie des princes qui étoit dedans, et entroient dans la Bastille en moins de demi-heure, selon les mesures que M. Du Fay avoit prises, et qui étoient infaillibles. Ils s’engageoient encore, par leurs lettres, de chasser M. le prince de Paris, pourvu que le Roi s’en approchât, et qu’il témoignât qu’il y vouloit entrer.

Toutes ces choses furent écrites à M. de Glandèves, pour les communiquer à la Reine et à son conseil secret, presque dans toutes les lettres que M. Le Prévôt et le père Berthod écrivoient ; et néanmoins on ne les exécutoit point du côté de la cour. Cela pensa gâter toute la négociation ; car les bourgeois se dégoûtoient de voir qu’on ne donnoit point de bonnes réponses aux négociateurs de Paris, ou plutôt qu’on ne tenoit rien de ce qu’on leur promettoit dans les réponses que M. de Glandèves faisoit à leurs lettres. M. le prince, dans ce temps-là, reçut cent mille écus du roi d’Espagne, et vingt mille des frondeurs ; fit mettre des soldats dans les cabarets et chambres garnies autour de l’Arsenal, pour s’en saisir lorsqu’il en auroit donné l’ordre ; et avec l’argent d’Espagne, et celui qu’il avoit touché de ceux de son parti, il faisoit des troupes dans Paris pour fortifier son armée.

En ce temps-là les communautés ecclésiastiques séculières et régulières s’assemblèrent en corps, et