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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

prônoit ceux qu’il alloit voir à la ville, sous prétexte de faire les affaires de son couvent, et s’en servoit pour entretenir les personnes de condition qui alloient se promener dans son monastère. La façon douce avec laquelle il débitoit son raisonnement ne faisoit pas moins d’effet que la violence du père Georges, qui crioit partout que la Reine étoit la plus méchante femme du monde ; et tous deux ensemble détournoient beaucoup de personnes du service du Roi.

Cela n’empêcha pas que M. Le Prévôt, M. Du Fay, le père Berthod et leurs amis ne vissent les bien intentionnés, et qu’ils ne les pressassent de faire quelque chose pour se délivrer de la tyrannie ; et leurs sollicitations firent que les six corps des marchands s’assemblèrent aux Grands Carneaux[1], où les marchands de soie, animés par M. Bidal, firent des miracles pour porter les autres corps à demander la paix ; et sur ce que celui des drapiers s’étoit effarouché à cause de quelques propositions que des partisans de M. le prince avoient faites, qui alloient à intimider tous ceux qui s’assembleroient contre le consentement des princes, ces marchands de soie les firent revenir à eux ; et tous ces corps ensemble résolurent de députer vers le Roi pour lui demander la paix, et supplier Sa Majesté de revenir à Paris ou de s’en approcher, afin que tous ensemble ils pussent aller lui témoigner leurs obéissances et leurs respects.

  1. Aux Grands Carneaux : Ancien hôtel gothique qui existe encore dans la rue des Bourdonnais. Depuis plus d’un siècle on y a établi un magasin de soieries, avec l’enseigne de la couronne d’or, li a appartenu à Philippe, duc d’Orléans, frère du roi Jean. (Voyez l’Histoire de la ville de Paris, de dora Félibien, tome i, page 660 ; et les Recherches sur Paris, de Jaillot, tome i, quartier Sainte-Opportune, page 14.)