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[1652] MÉMOIRES

« mazarins. » Le collecteur prit cela pour argent comptant ; il s’en va de l’autre côté du pont, où on lui dit la même chose. Cela obligea M. le dizenier de s’en retourner chez lui sans oser demander un denier. Tout le quartier Notre-Dame refusa hautement. Il n’y eut qu’un nommé Bezart, avocat, qui envoya ses dix écus quatre jours devant qu’on les lui demandât, et en tira quittance, qu’il fit voir pour montrer son zèle, et qui s’étoit flatté que sa diligence à payer le feroit nommer échevin de la Fronde. Mais se voyant trompé, et qu’on en avoit élu d’autres, il alla redemander son argent, que le dizenier lui rendit, en prenant un écrit de sa main pour témoigner qu’il l’avoit retiré.

Tous les autres jours se passèrent à faire revenir le peuple dans le service du Roi, et à leur assurer que M. le cardinal Mazarin se retiroit ; comme en effet il partit le 22 pour prendre la route de Sedan, et se voulut éloigner de la cour, parce qu’on lui avoit écrit de Paris que cela étoit nécessaire pour faciliter le retour du Roi, et même pour donner sujet à M. d’Orléans de faire son accommodement, qui n’avoit toujours demandé que l’éloignement de Son Eminence.

Cette sortie de M. le cardinal surprit extrêmement les princes, qui allèrent au Palais faire leur déclaration, dans laquelle Leurs Altesses protestèrent qu’ils étoient prêts à mettre les armes bas, présupposé que la sortie de M. le cardinal fût effective, et qu’il plût au Roi de faire ce qu’il conviendroit pour le repos de l’État, de donner une amnistie générale en bonne forme, d’éloigner les troupes des environs de Paris, de retirer celles qui étoient en Guienne et dans les autres provinces, et de rétablir les choses au même