Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.
313
DU PÈRE BERTHOD. [1652]

prisées, et n’avoit point voulu obéir : mais afin qu’il ne s’excusât plus, qu’on lui écrivoit cette troisième, par laquelle Sa Majesté lui commandoit de donner le sceau au porteur ; et l’autre lettre devoit être du 13, qui diroit que le Roi l’avoit reçue, mais qu’il avoit oublié le coffre. M. de Laffemas se servit de ces deux lettres quelques jours après au parlement lorsqu’on voulut lui taire représenter le sceau, qu’il avoit mis chez un de ses amis, feignant qu’il étoit à Pontoise[1].

Durant trois ou quatre jours que le parlement de Paris frondoit dans la dernière extrémité contre celui de Pontoise, M. Le Prévôt et ses amis travailloient pour empêcher qu’on ne donnât de l’argent aux princes, et si heureusement que les dizeniers, le 16 août, allant par les maisons pour lever les taxes, furent moqués de tout le monde, et particulièrement sur le pont Notre-Dame, où on avoit disposé les marchands à leur faire une raillerie.

Ces marchands voyant venir le dizenier, résolurent de le jouer. Cinq ou six d’entre eux, des extrémités et du milieu du pont, l’allèrent trouver comme il commencoit sa quête, et lui dirent : « Monsieur, nous sommes bons serviteurs du Roi ; mais point de Mazarin ! Ainsi notre argent est tout prêt ; venez le quérir quand vous voudrez : mais auparavant allez faire payer ceux de l’autre côté ; ils sont tous

  1. M. de Laffemas fut mandé au parlement le 17 août, pour y rendre compte de sa conduite. Il s’y présenta le 19, assisté de trois maîtres des requêtes ses confrères. Un d’eux déclara que M. de Laffemas leur ayant fait connoître la conduite qu’il avoit tenue, ils l’avoient approuvée. Le parlement, dit Omer Talon, trouva cet avis inepte ; et il ordonna, par arrêt du 20 août, que Laffemas représenteroit le sceau sous trois jours, sinon qu’il y seroit pourvu. (Mémoires d’Omer Talon à cette date.)