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[1652] MÉMOIRES

voulût oublier toutes les injures qu’on avoit dites et faites contre les personnes les plus sacrées de l’État, aussi bien que contre son autorité royale et sa personne même, ils s’engageoient à pousser les princes à bout, et à les chasser de Paris au cas qu’ils empêchassent le retour du Roi.

Cette proposition des bourgeois fut écrite aux correspondans de la cour, qui la proposèrent à la Reine et à Son Éminence ; et le lendemain on répondit à M. Le Prévôt, par la voie et le déchiffrement du père Berthod, que la cour donnoit sa parole du retour du Roi, du pardon des injures faites par le peuple à Sa Majesté et à son autorité royale ; mais qu’il falloit chercher les moyens de chasser M. le prince de Paris, et de prendre pour cela des mesures si justes qu’il n’en pût arriver d’inconvénient pour la ville, ni d’accident pour la cour.

Dans cette réponse, qui fut le 7 d’août, M. le cardinal s’engagea à quitter le Roi et à se retirer de la cour et même hors du royaume, si sa présence auprès de Sa Majesté apportoit de l’obstacle à la négociation qu’on faisoit à Paris ; mais aussi que si son éloignement n’étoit pas nécessaire, et que l’affaire pût réussir sans cela, il ne le falloit pas engager dans une chose si importante ; que néanmoins il s’en remettoit aux négociateurs, par le jugement desquels il passeroit, comme étant les chefs de la conduite, où il y alloit du rétablissement de l’autorité souveraine et de l’affermissement de la couronne. Et certainement on peut dire en cette rencontre que celui qui pouvoit donner la loi à tout le royaume s’étoit rendu l’homme de France le plus soumis, puisque d’une