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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

Roi dans Paris, Mademoiselle Guérin fit merveille en ce genre de criailleries, par les femmes qu’elle gagna sous la promesse qu’on leur faisoit de les faire payer de leurs rentes de l’hôtel-de-ville ; comme effectivement on le fit lorsque la cour étoit à Pontoise. Dès ce temps-là on travailla si vigoureusement que les princes commencèrent à s’étonner de voir le peuple chanqé si soudainement, sans savoir d’où en pouvoit provenir la cause. On leur disoit bien qu’il y avoit des personnes dans Paris qui agissoient contre leurs sentimens, et qui faisoient tout ce qu’elles pouvoient pour ménager les bourgeois et les disposer à demander le Roi sans condition ; mais on ne leur disoit pas qui c’étoit, ni comment cela se faisoit.

Néanmoins les négociateurs travailloient si heureusement, qu’en moins de douze jours ils avoient disposé le peuple au point de faire sortir de la ville quarante mille hommes, et aller au devant du Roi et de la Reine, et de toute la cour, pour savoir si Leurs Majestés vouloient venir à Saint-Denis ou à Saint-Germain. Aussi étoit-ce le principal article des lettres du père Berthod, qui, comme secrétaire de la négociation, l’écrivoit à M. de Glandèves, qui les faisoit voir à M. le prince Thomas[1] et à messieurs Servien et Le Tellier, après en avoir dit la substance à la Reine et à M. le cardinal Mazarin.

Le 5 ou 6 d’août, quantité des principaux bourgeois de la ville allèrent chez M. Le Prévôt lui demander s’il avoit parole positive que le Roi voulût venir ; et qu’en cas que cela fût, et que Sa Majesté

  1. Le prince Thomas : Thomas-Francois de Savoie, prince de Carignan.