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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

courre sus aux livrées du Roi, tant la tyrannie s’étoit établie.

Et l’on peut ici donner cette gloire à M. Bidal, marchand de soie de la rue au Foirre[1], que malgré les menaces que lui fit faire M. le prince, sur ce qu’il avoit convoqué quelques assemblées de son corps dans Saint-Innocent, il ne laissa pas de continuer très-souvent, et d’échauffer les cœurs des marchands que la crainte des persécutions avoit refroidis ; et au sortir de ces assemblées il alloit chez M. Le Prévôt faire rapport des résolutions qu’on y avoit prises.

Cependant M. Du Fay, qui avoit beaucoup d’habitudes sur les ports, gagna quantité de bateliers, de crocheteurs et d’autres, et faisoit de grands progrès sur l’esprit de cette sorte de gens, qu’il remettoit dans l’obéissance du Roi par ses persuasions et par son argent, qu’il donnoit pour les détourner du parti des princes.

M. Le Prévôt en fut averti, et dès le même moment il alla à l’Arsenal, où M. Du Fay demeuroit, lui communiqua son dessein, la correspondance qu’il avoit avec M. de Glandèves, auquel le père Berthod, par son chiffre, écrivoit tous les jours les progrès de la négociation ; et ils demeurèrent d’accord de travailler conjointement, afin qu’ils pussent avec plus de fa-

  1. On lit la rue aux Foires dans notre manuscrit, et dans celui de Conrart on lit la rue au Foirre. C’etoit l’ancien nom de la rue aux Fers, qui régnoit le long du cimetière des Innocens, et dans laquelle il y a encore beaucoup de marchands de soieries. « La rue aux Fers, dit Sauval, tient au marche aux Poirées, et semble faire partie des halles. On croit qu’elle a servi de marché, et que c’est pour cela qu’en 1297 on la nommoit la rue au Feure ; en 1552 la rue au Feurre près Saint-Innocent ; et en 1563, la rue aux Foires près des halles. « (Antiquités de Paris, tome i, page 134.)